“La célébrité n’est pas un but en soi” : portrait d’Olivier Pagès, comédien résilient et éco-conscient

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C’est lors d’un mariage via une amie commune, que l’acteur Olivier Pagès rencontre Pierre-Henry Servajean, le créateur du tissu Armalith®. Hommes passionnés, loquaces et authentiques, Olivier et Pierre-Henry accrochent très rapidement et se lient d’amitié. Ils partagent le même esprit motard, et l’envie de liberté. Mais aussi un humour identique, une certaine ténacité et la même bienveillance envers les gens et envers la planète. D’une voix chaleureuse et apaisante, Olivier nous raconte son parcours, ses envies et ses craintes, dans une société où la surconsommation le révolte.

SOMMAIRE

Vivre simplement, en connexion avec la nature

J’ai peur de la pollution humaine

Consommer responsable et durablement

Entre rêves et résilience, retour sur le parcours chaotique d’Olivier Pagès

“Quand on est artiste, il faut aimer les montagnes russes

Olivier Pagès, une voix suave reconnaissable entre toutes

Vivre simplement, en connexion avec la nature

Olivier Pagès est né à Paris. Il y fait sa vie jusqu’à ce que ce quotidien bruyant, pollué et étouffant ne lui corresponde plus. Son métier de comédien est aléatoire et à 40 ans, Olivier s’imagine vivre en autarcie à la campagne, avec son potager et ses poules. Il quitte alors la capitale pour s’installer à Dourdan, dans l’Essonne. Une décision osée quand on est acteur, mais pleinement assumée. Car le comédien aux yeux bleu ciel aime les choses simples. Et son besoin de respirer et de se rapprocher de la nature est plus fort. 

Parfois, le matin, Olivier se lève tôt et part se ressourcer en forêt pendant plus d’une heure. “Je vérifie que le soleil se lève bien à l’heure et qu’il est toujours là” nous dit-il en riant. “Et quand je croise un renard ou un chevreuil, ma journée est comblée”, nous assure-t-il.

Dans un futur proche, Olivier aimerait s’éloigner davantage de la région parisienne, et vivre encore plus près de la nature.

Olivier Pagès

J’ai peur de la pollution humaine

Olivier Pagès est convaincu que les gestes du quotidien, même petits, contribuent à éviter la surconsommation pour préserver l’avenir de la planète. “Le bateau est lourd à manœuvrer, mais il faut que chacun y mette du sien. Il faut essayer d’avoir un geste humain pour la planète, chacun à son petit niveau, et ça ne coûte rien. Je ne parle pas de “geste citoyen”, car je considère ce terme trop politique” ajoute-t-il. 

Le comédien rêve sa future maison avec un circuit d’eau fermé pour que chaque goutte soit recyclée. D’ailleurs, depuis toujours, il sensibilise sa fille aux problèmes de gaspillage et de pollution. Mais il se désespère de ce que nous allons laisser aux générations futures.

Olivier Pagès

À ces mots, des images lui reviennent à l’esprit.Lors d’un tournage au Maroc, la production nous logeait au Golf Hôtel. La nuit, j’ai été réveillé par le bruit des arroseurs du golf. Plus tôt dans la journée, j’avais vu de jeunes enfants marcher sur le bord de la route et porter des bidons d’eau sur leur tête. J’ai repensé à ces enfants pour qui 5 litres d’eau équivalent à 10 kilomètres de marche. Le lendemain, quand le directeur m’a demandé si j’avais bien dormi, j’ai été très gêné de lui répondre. Toujours au Maroc, pour le même film, j’ai cru voir une nuée de mouettes au loin. En fait, c’était des sacs en plastique qui virevoltaient au-dessus d’une décharge… Parfois, je me demande comment on en est arrivé là” soupire Olivier.

Consommer responsable et durablement

Olivier n’est pas un consommateur de vêtements et trouve ridicule cette “course à la mode “. “Cela fait deux ans que je n’ai pas acheté de chemises !” nous lance-t-il. Chaque année, sa femme et lui trient leur dressing pour donner à des associations les vêtements qu’ils ne portent plus. “Car finalement, on porte toujours les mêmes vêtements, mais le problème, c’est qu’ils s’usent très vite” nous explique Olivier.

“J’ai longtemps porté des jeans G-Star, mais au bout de deux ans, ils se déchiraient. On programme une obsolescence des objets, on jette les choses comme on jette les gens. Heureusement, certains osent aller à contre-courant, comme Pierre-Henry avec sa marque Bolid’ster. Et, même si ce n’est pas facile, Pierre-Henry doit se battre pour que ça avance. Je suis rassuré de voir des personnes qui créent des choses qui s’inscrivent dans le temps. Et je trouve vraiment que ses jeans sont de chouettes produits. J’aime le fait qu’ils soient garantis 10 ans, cela témoigne d’une vraie transparence” nous lance le comédien.

Ce qu’il apprécie également dans cette marque, c’est le mélange de fibre, l’innovation de ce produit fabriqué en France. Et d’ajouter : “j’ai deux jeans BOLID’STER, un JEAN’STER et un RIDE’STER que je porte en alternance. Ils se patinent gentiment, sans s’user et je me sens comme dans une pantoufle quand je les enfile. Même si la sécurité est la raison numéro un qui amène à acheter ce type de jean, je trouve qu’on oublie très vite l’aspect “bouclier”, car les jeans font habillés et sont vraiment confortables. Pour moi, c’est comme une seconde peau. D’ailleurs je le porte tellement souvent que mon pote Stéphane Blancafort l’a adopté lui aussi et le fait porter à son personnage, Paul Marchal, dans la série Tandem.

Entre rêves et résilience, retour sur le parcours chaotique d’Olivier Pagès

Olivier Pagès a parcouru la planète et a mené plusieurs vies. Il a travaillé comme accompagnateur pour une agence de voyages et au service presse du journal France Soir.

Jeune, il aurait voulu être architecte d’intérieur ou prof de gym (il est reçu au concours, mais rate son bac… Il le repassera deux fois). Il effectue son service militaire chez les pompiers de Paris, lui donnant l’extraordinaire opportunité de descendre les Champs Elysées à l’occasion de la Fête Nationale. Porté par le public quand il monte sur scène aujourd’hui, c’est toujours ce même sentiment qui l’envahit et lui rappelle ce coup de projecteur lors du défilé du 14 juillet. Libre de ses engagements pour la patrie, il fait ensuite un passage éclair en fac d’histoire de l’art. Mais une hépatite A, contractée lors d’un séjour en Egypte, lui permet de mettre fin à ses études universitaires qui l’ennuyaient.

Olivier est au point mort, mais secrètement, quelque chose de bien plus fort l’anime depuis l’âge de 20 ans. En effet, l’univers du cinéma l’a toujours attiré et il aimerait devenir acteur. Il s’inscrit alors à des cours d’art dramatique qu’il suit pendant deux années. Lors d’une animation France Soir, on lui propose un rôle dans un long métrage tourné à Tahiti. Puis un second film s’enchaîne, au Cameroun cette fois-ci. Sa carrière d’acteur est lancée, mais il sent qu’il a encore besoin de travailler pour se perfectionner.

Quand on est artiste, il faut aimer les montagnes russes

À 26 ans, Olivier part à Los Angeles pendant 3 mois dans le cadre d’une tournée promotionnelle pour la liqueur Chartreuse. Il souhaite profiter de son séjour pour prendre des cours à l’Actors Studio, ce qui supposerait de pouvoir rester plus longtemps aux États-Unis. Rentré à Paris, il s’inscrit alors au John Strasberg’s Real Stage, puis travaille ensuite avec Jack Garfein. À cette époque, il tourne aussi dans de nombreuses publicités. Puis en 1986, il est appelé pour une série télévisée, sa première. Mais l’apparition d’une maladie chronique le handicape et l’empêche de poursuivre. Sa carrière s’arrête net.

Après un long et douloureux passage à vide, Olivier se remet en selle. Il trouve un travail en tant que chauffeur de maître et, en parallèle, recommence à poser pour des photos et à jouer dans quelques courts métrages. C’est la rencontre avec Robert Hossein qui relance sa carrière de comédien dans la pièce Angélique.

L’artiste-interprète joue ensuite dans la série Cap des Pins pendant deux ans et enchaîne les rôles, principalement à la télévision. Il est notamment connu pour camper le personnage de Simon Bartholdi dans la série Femmes De Loi.

Olivier Pagès

Olivier a tourné dans la série Tandem début 2021, mais le monde du spectacle a été largement impacté avec la crise sanitaire. Et en privilégiant les secteurs dits essentiels, la culture a été sacrifiée. Olivier a donc mis à profit son temps libre pour lire. Le métier repart un peu à présent, il a intégré la série Un Si Grand Soleil dans le rôle de Jacques Mourre, et espère que son personnage va s’installer dans le temps.

Olivier Pagès

Olivier Pagès, une voix suave reconnaissable entre toutes

Sportif, le comédien aux cheveux argentés et au physique avantageux a toujours su rester jeune. “J’ai 14 ans dans ma tête”, nous dit Olivier en riant ! “C’est vrai que je parais physiquement plus jeune que mon âge, malgré mes cheveux poivre et sel, où le sel l’emporte de plus en plus sur le poivre d’ailleurs… (sourire). J’évite donc de donner mon âge quand je fais des essais, “j’ai l’âge que vous croyiez que j’avais quand vous avez pensé à moi !” À mes débuts, ce n’était pas forcément facile, j’étais un peu lisse et aussi moins expérimenté. Le temps et le métier ont fait leur travail, et je pense maintenant être plus dans l’évidence pour certains rôles…

En complément de son travail d’acteur de cinéma ou de séries télévisées, Olivier Pagès fait du doublage. Ce métier est très technique et demande un rythme de travail différent. Il faut être très souple et il n’est pas toujours facile de se confondre avec le personnage à qui l’on prête sa voix. Vous avez pu entendre son timbre grave dans de nombreuses séries américaines, dont New York Unité Spéciale, ou encore Games Of Thrones.

Au-delà de sa profession de comédien et voix off, Olivier est aussi porte-parole et intervient dans les écoles d’art dramatique. Il y explique qu’être acteur n’est pas un travail en solo, mais un boulot d’équipe. Il montre aux comédiens en herbe la réalité du métier, parfois difficile, et leur fait comprendre que la célébrité n’est pas un but en soi.

Pour en savoir plus sur Olivier Pagès, visionnez des extraits de films et séries dans lesquels il joue.

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Propos recueillis par Claire Pimenta de Miranda

Crédits photos : ©Sarah Robine – ©Olivier Pagès